La relation mère-fille, un appel à grandir

 
 

Comment se porte votre relation avec votre mère-fille (fils)? Compliqué, facile, fusionnelle, aimante, froide, volcanique, joyeuse, épuisante, soutenante, chaotique, génératrice de toutes sortes d'émotions? Êtes-vous une maman vous-même? Comment se porte la relation que vous avez avec la mère que vous êtes?

Je vous avertis, cette article va peut-être vous brasser. C'est pour la bonne cause. La cause des femmes qui sont appelées à reprendre leur leadership, devenir femme et libérer leurs mères et leurs filles pour grandir ensemble en force et en amour sur cette belle planète. Rien de moins.

Tout sauf lui ressembler!!

Et un jour vous êtes née, et êtes devenue la fille de cette femme qui s'appelle maman pour vous. Un petit miroir tout frais sorti de son ventre sur lequel elle a projeté ses propres enjeux.... comme tout parent fait avec ses enfants. Et sa fille de faire la même chose sur sa maman.

Avoir une mère vient avec des côtés parfois merveilleux et parfois plus difficiles. Après avoir eu notre vie dans son corps, à la naissance notre mère aura dorénavant notre vie dans ses mains en attendant que nous volions de nos propres ailes... dans les faits. Pour les femmes, elle est la carte routière que nous allons emprunter pour fleurir dans notre féminité. Que nous le voulions ou pas, nous nous modélisons la femme que nous sommes principalement auprès de notre maman.

Vous avez peut-être déjà le poils des bras redressés. ;) Car pour certaines, beaucoup d'énergie est dépensée à être tout sauf comme sa propre mère. Si vous êtes comme moi et que vous avez es enfants vous avez tôt fait de parfois vous dire à vous-mêmes "Maman, sors de ce corps!" en vous observant intervenir auprès de vos propres enfants.

Et avec le temps on apprend à voir le beau, les blessure s'apaisent et nous sommes à même d'apprécier à quel point cette femme a fait du mieux qu'elle pouvait et qu'elle même était prise dans son héritage transgénérationnel et ses propres blessures... tout comme vous.

Nous sommes faites les unes des autres

Nous sommes fait de nos parents et la grossesse en ajoute une couche. Notre mère, cette matrice est le plus proche que nous avons du "Bon Dieu" sur cette Terre à notre naissance. Nos cellules ne connaissent pas d'autre univers qu'elle. Facile d'imaginer le grand défi de devenir une femme et se définir comme une entité autonome face à cette figure maternelle dont nous sortons. Si vous vous demandez pourquoi le lien est si fort et que le détachement est parfois compliqué, voici un bout d'article super intéressant qui pourrait vous éclairer.

"Quelques semaine après la conception, des cellules à la fois de la mère et du fœtus vont circuler d'une à l'autre à travers le placenta qui a pour effet que l'une devient une partie de l'autre. Durant la grossesse il peut y avoir jusqu'à 10% de l'ADN du fœtus flottant dans le flux sanguin de la mère. Bien que ce pourcentage diminue beaucoup après l'accouchement certaines cellules demeurent. Les enfants par contre continue de porter une population des cellules de la mère bien après l'âge adulte et dans le cas des femmes peut même influencer la santé de leur propre progéniture. (texte traduit librement de l'anglais de cet article)" https://aeon.co/essays/microchimerism-how-pregnancy-changes-the-mothers-very-dna

Pour celles qui ont eu des enfants vous souvenez vous de comment votre grossesse vous a influencé? Les rêves que vous faisiez? La nourriture que vous aimiez? Les humeurs qui vous habitaient? Lors d'une de mes grossesses, je faisais continuellement du Sudoku (mot croisé mais avec des chiffres). Je me demandais même pourquoi tout le monde n'en faisait pas comme moi tellement j'étais accro. Je n'en avais jamais fait avant et je n'en ai jamais refait depuis. Mon adorable fils est une personne qui aime les maths et résoudre des problèmes de cet ordre... un hasard vous croyez? Je crois plutôt que ses cellules m'ont monté jusqu'au cerveau. Depuis, il m'est resté une effluve de ce que c'est être lui, de partager son essence profonde jusque dans mon corps. Je ne vous dis pas le privilège que je sens de pouvoir avoir vécu ces expériences avec mes enfants. Ayant vécu tellement de moments magiques dans les 1ère années fusionnelles avec eux, ce n'est pas facile moi-même de me défusionner d'eux... défi incommensurable pour toute mère et cause d'innombrables problèmes entre mère et fille car en plus on est semblable dans notre féminité alors le jeux de miroir est encore plus intense! Et parfois c'est le défi de la fille d'apprendre à se défusionner et accepter voler...


Un appel à grandir

Des parties de nous sont restées petite fille, en manque de maman, en besoin d'être maternée. C'est totalement normal et nous avons toutes notre route dans ce dossier. D'un autre côté devenir une femme est de savoir récupérer ce rôle de maman et se le donner à soi-même. C'est savoir combler les zones restées en difficulté avec d'autres ressources, c'est de continuer le travail et ne plus lui faire porter tout le fardeau. Car la seule personne qui a maintenant accès à vos blessures est vous-mêmes.

Devenir une femme c'est prendre un grand risque, c'est oser vivre. Le risque de prendre le leadership de sa vie, d'assumer ses limites, de prendre soin de ses besoins, de peut-être froisser, de sortir de son rôle de victime, de confronter des vérités difficiles, de trouver l'aide dont on a besoin et ne plus avoir à éteindre des parties de soi pour acheter les relations. Devenir une femme c'est le plus beau cadeau qu'on peut offrir à sa fille ou ses fils.

Il y a le moins mais aussi le plus

La mère a le dos large et pour cause. Son impact sur ses enfants est le plus grand que tout être humain va vivre de toute sa vie. La racine terrestre qu'elle représente vient avec toute une envergure émotionnelle et psychique auprès de ses enfants. Et chaque femme se présente dans sa maternité avec son cœur mais aussi toutes ses imperfections et ses blessures d'humain qui rendent son contact parfois problématique. Sans parler de la culpabilité constante de savoir au fond d'elle-même à quelle point la responsabilité de ces petits êtres est grande et de ne peut-être pas toujours être à la hauteur.

Mais la mère aussi imparfaite soit-elle donne dans la plupart des cas beaucoup à son enfant. Car le but d'être une mère n'est pas d'être parfaite, c'est de donner l'exemple de quelqu'un qui fait du mieux qu'elle peu avec les outils qu'elle a.

J'ai beaucoup moi-même cheminé dans le dossier mère-fille, tant et si bien que je vois maintenant les rayons merveilleux de ma mère en moi. Sa résilience, sa force vitale, son inconditionnalité, son ouverture à grandir, son enthousiasme, la femme autonome, son leadership et je pourrais continuer encore longtemps. La réalité est qu'une grosse partie de la femme que je suis est grâce au fait que j'ai côtoyé cette femme imparfaite mais tellement intéressante et résilient qui m'a beaucoup donné et continue à le faire sans même s'en rendre compte. Avertissement, ceci n'est pas un conte de fée. Elle serait d'accord avec moi pour dire que notre relation a été une des relations les plus "challengeante" que nous avons vécu!! Mais ces qualités dont je vous parle étaient au r.v. pour nous permettre d'avancer sans lâcher.

Je passe à travers toi...

En cheminant il devient de plus en plus évident de libérer notre mère et devenir la femme que nous avons besoin de devenir en cessant de plus en plus de demander sa permission. Aussi, il serait peut-être une bonne idée de libérer nos filles (mes fils dans mon cas) aussi et de cesser de leur faire porter le poids de nous définir à titre de mère et d'être humain valable (car une "mauvaise mère" est un des jugements les plus sévère qu'une femme peut porter).

À ma deuxième grossesse, un soir, j'ai eu l'intuition forte que mon bébé garçon me communiquait quelque chose de l'ordre de: "Je passe à travers toi mais ma vie ne t'appartient pas". Ouf! tout un message que je continue de mettre en application (tant bien que mal), sa vie ne m'appartient pas, pas plus que la vôtre appartient à votre mère. Vous êtes votre propre personne et s'il n'en tenait qu'à vous de vous définir comme femme auprès de votre mère mais aussi de votre fille? Et sa la meilleure chose à faire était de libérer nos fille (et nos fils) d'être comme nous, de répondre à nos attentes, de vivre leur vie selon nos critères. Ils font leurs chemins et ne nous appartiennent pas. Facile à comprendre n'est-ce pas? Néanmoins, je suis certaine que c'est dans cette place de contrôle même non dites que les plus grandes difficultés apparaissent.

Nos enfant ont le droit de nous en vouloir comme nous en avons peut-être voulu à notre mère. Ils ont le droit de trouver leur propre chemin vers leur lumière à leur rythme à eux. Je pousse encore un peu plus loin en nous invitant à voir que la femme que nous sommes avons la responsabilité de trouver nos ressources et de nous aimer peu importe quoi, c'est le plus beau cadeau que nous pouvons leur offrir car nous leur ouvrons le chemin pour le faire pour eux-mêmes. Les enfants ne nous doivent rien, ils en ont assez de leur vie sans nous porter sur leurs épaules. Alors mères, faites grandir la femme en vous et libérez vos filles (et vos fils) comme vous auriez aimé que vos mères vous libèrent. C'est en relâchant le contrôle que l'amour libre, l'amour choisit peut naître.

Et l'amour là dedans?

Et si il y avait plus d'amour que vous le croyez dans tout ceci? Et si votre mère et/ou votre fille était votre plus grande école d'amour de soi et de l'autre dans votre vie ou presque? Et si à travers les défis que cette relation représente vous étiez en train de grandir comme jamais avant? Acceptez-vous le défi de grandir et d'ouvrir votre cœur encore plus grand à cette partie de vous qu'est votre mère ou votre fille (fils)?


Avec joie et amour.

Maïka

 
 
Maïka Roy